Mon Premier Plongeon dans l’Uchronie : Quand la Bibliothèque Devient un Sanctuaire

Pour le coup la publication de ce texte en décembre 2025 est une immense surprise (et une joie non dissimulée, je l’avoue). « Un monde ordinaire » est une nouvelle qui a été un véritable saut dans l’inconnu, car pour être tout à fait honnête, c’était la toute première fois que je me lançais dans l’écriture d’un format aussi court.

Habitué à l’exercice du roman, mes récits dépassent d’ordinaire les 100 000 mots, explorant le temps avec une ampleur qui m’est naturelle. Le défi du concours était drastique : pas plus de 6 000 mots au maximum. Deux mois et demi pour concevoir, écrire et peaufiner une histoire contrainte à l’essentiel, sans la moindre idée de départ, d’autant plus qu’il s’agissait d’une uchronie, un genre littéraire que je n’avais jamais abordé. Ce fut un vrai challenge pour moi. Cette sélection est donc une grande fierté et un cadeau inestimable.

Science-Fiction, Poésie et l’Avenir du Livre

Malgré ce challenge de concision, j’ai voulu aborder des thèmes qui me sont chers. L’histoire se déroule dans un monde post-COVID, où le virus, par ses mutations incessantes, a fini par désarmer la société et les gouvernements. J’ai ainsi eu l’opportunité de toucher à la science-fiction en décrivant un monde postapocalyptique en « hibernation », plutôt qu’en chaos spectaculaire, où la seule certitude est l’incertitude.

Au cœur de ce récit se trouve Madeleine, une bibliothécaire qui a fait de son lieu de travail son unique sanctuaire. À travers son regard, j’ai souhaité interroger : quelle est la place de la lecture et du livre dans notre société, et quel avenir leur réserve-t-on ? L’intrigue met en scène la résistance par le savoir, transformant les livres en monnaie, en refuge et en outil de transmission.

J’ai cherché à infuser dans le récit une dose de poésie pour éclairer la morosité du quotidien, ainsi qu’une part de philosophie pour inciter le lecteur à la réflexion. Le dialogue entre Madeleine et Élias, un chercheur désabusé, devient le point de jonction de ces thèmes. Nous y explorons l’idée que l’échec de la science n’est que l’écho d’un échec plus ancien : celui de l’éducation, de la curiosité et, plus fondamentalement, de la confiance. Mon but était d’inciter le lecteur à s’approprier le récit et à réfléchir aux thèmes abordés.

Un Hommage à Philip K. Dick

Je suis un fervent admirateur de Philip K. Dick, et son roman Le Maître du Haut Château, une uchronie de référence où l’acte d’écrire est une forme ultime de résistance, est une de mes références littéraires majeures. J’ai glissé un hommage appuyé à cette œuvre, dont le propos fait écho à ma nouvelle. Mon personnage, Élias, devient un « semeur d’alternatives », défendant l’idée que la vérité doit être racontée, portée et désirée, souvent par des chemins détournés, comme le faisaient les anciens avec les mythes.

J’espère que cette nouvelle parviendra à vous toucher et à vous faire réfléchir sur la fragilité de nos acquis et sur le pouvoir immémorial de l’encre et du papier face à l’urgence et à la superficialité. C’était un challenge littéraire et personnel, et je suis impatient de le partager avec vous fin 2025.

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